SALON DE MONTROUGE 2009
Texte de Erik Verhagen


2009



Les photographies et films de Yasmina Benabderrahmane visent à dévoiler la part de simulacre inhérente à ces médiums. Reflétant invariablement une « inquiétante étrangeté », ses œuvres, sans pour autant témoigner de trucages et autres manipulations, instaurent un décalage, aussi infinitésimal
soit-il, synonyme d’écart ou de perte. Fixes ou en mouvement, ses images se donnent ainsi à voir justement en tant qu’images et ne cherchent pas en premier lieu à accentuer et encore moins à interpréter ce à quoi elles renvoient. Il ne s’agit pas pour autant de minimiser la chose représentée dans la mesure où ce sont finalement toujours le modèle ou le motif qui donnent à l’artiste, au gré de ses flâneries, l’impulsion première, lui permettant d’amorcer puis de concrétiser leurs devenirs iconiques. Que ce soient les jambes de la prostituée rencontrée à Copenhague (Mascarade), le couple filmé dans son séjour (Une matinée), la maison dissimulée par une haie (Die Hecke) ou la tente enfouie dans un bois (Das Kino), les éléments photographiés ou filmés par Yasmina Benabderrahmane se convertissent toujours en données photographiques et filmiques. Les opérations de cadrage, de fragmentation, de développement, de découpe et de montage garantissent bien entendu cette conversion, tout comme la volonté de souligner l’épiderme recouvrant la chair pelliculaire.
« Au-delà de la visibilité de l’image, affirme l’artiste, il n’y a rien à voir puisque l’image concentre sur elle toute la visibilité ».

Erik Verhagen.














































































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